Voici la dernière chronique proposée pour ce temps du confinement. Cela ne veut pas dire, hélas, que nos vies vont rentrer l’ordre précédent, et nous n’en avons pas fini avec ces modes relationnels qui, depuis presque deux mois, nous proposent/imposent un face à face bien particulier.
Je l’ai dit précédemment, ce temps est diversement vécu par les couples… Certains disent qu’ils s’en réjouissent, tant mieux ! « Je n’ai jamais passé autant de temps avec ma femme » ; « La bonne nouvelle c’est que mon mari est là au quotidien »… Mais combien peuvent sortir fragilisés de cette année 2020 semblable à nulle autre précédente… C’est à vous tous que je pense en écrivant.
Tous les couples qui choisissent la vie commune nourrissent le ferme espoir que leur aventure durera et sera épanouissante. Ceux qui se marient cherchent en outre à inscrire leur couple, ou du moins leur projet de couple, dans la durée, ce « pour toujours » qu’ils s’offrent mutuellement. Pour autant les couples mariés ne sont évidemment pas à l’abri des soucis…Or, quand il y a difficulté, voire échec, ils tombent parfois de très haut. Certains couples en entretien me disent combien leur idéal de couple et la réalité vécue ne s’accordent pas comme ils le souhaiteraient ; ils pensaient que leur mariage roulait… qu’il roulait pour la vie ; or peut-être sous-estimaient-ils qu’un mariage, c’est comme une plante en pot : Quand elle est arrivée chez nous, elle était magnifique ; mais peut-être n’en ai-je pas pris suffisamment soin ? Pas assez d’arrosage, pas assez d’engrais, trop ou pas assez de lumière … Et la plante a dépéri. Au début je ne l’ai pas remarqué : c’est quand les feuilles commencent à tomber que je m’inquiète, et ma plante est déjà bien malade…
Ceux que le jardinage ne rejoint guère seront plus sensibles peut-être à une comparaison sportive : le mariage, c’est comme le vélo. Au début de la promenade, nous sommes en pente douce, ça avance tout seul, pas même besoin de pédaler ; mais le chemin n’est pas fait que de descentes, évidemment, et il me faut sans cesse pédaler, de manière adaptée, car si je m’arrête je risque de tomber !
Oui, prendre soin de son couple semble aller de soi ; et pourtant, lorsque des couples tentent une relecture de leur histoire à l’occasion d’une « crise », c’est bien ce manque de soin qui est souvent pointé : Nous avons perdu l’habitude de la tendresse; nous avons arrêté de sortir à la naissance des enfants ; lui/elle me montrait tant d’attentions… au début ! etc… Vous retrouvez là quelques-uns des Langages de l’amour de Gary Chapman que vous connaissez sans doute bien : Peut-être le livre est-il sur votre table de nuit, peut-être prend-il la poussière ?…
Qu’est-ce que notre couple? Nous nous sommes aimés et choisis, avec nos désirs de bonheur, nos richesses personnelles, nos qualités propres … Mais nous sommes aussi couple avec nos petitesses, nos tentations, les déceptions que nous nous infligeons, les petites trahisons, tous ces manques d’amour inévitables, parce que nous sommes imparfaits (tous les deux…) ; nous sommes couple, encore, avec nos histoires familiales, nos différences sociales ou culturelles ! Nous sommes couple, dans un monde aux repères flous, aux messages sur la sexualité et le droit au bonheur personnel qui viennent parfois déstabiliser nos modèles de vie. Ce monde, c’est celui dans lequel nous vivons, travaillons, et dans lequel grandissent nos enfants.
Tout couple peut un jour ou l’autre souffrir d’une communication défaillante, d’une baisse du sentiment amoureux, d’un conjoint qui travaille trop, de difficultés sexuelles, voire d’un adultère … toutes choses dont la psychologie nous apprend qu’elles peuvent être travaillées, avec éventuellement le secours de professionnels. C’est ainsi que, de plus en plus, les couples osent pousser la porte d’un conseiller conjugal. Démarche jamais facile, qui demande humilité et désir véritable de restauration de la relation, démarche courageuse, démarche nécessaire.
Cette démarche d’aide pourra amener le couple à cheminer vers une écoute vraie, une meilleure compréhension de chacun, et pourquoi pas un pardon donné et reçu : pardon qui rend l’avenir de nouveau possible, plus confiant, plus souriant ; retour vers l’autre. Cette démarche d’accompagnement n’a rien de magique : elle s’appuie sur un désir des deux parties d’avancer vers un mieux. Elle est souvent fructueuse : J’ai été témoin de nouveaux départs magnifiques vers une vie de couple restaurée, ré-apprivoisée, re-choisie !
J’ai été heureuse de vous accompagner de ces petites chroniques. Merci de vos retours, qui me vont droit au cœur. Nous ne nous connaissons pas, pour la plupart d’entre nous, et pourtant ce chemin partagé nous a fait entrer dans une certaine familiarité. Si vous souhaitez poursuivre autrement ces réflexions, si vous vous êtes senti rejoint par cette chronique ou une précédente, si vous pressentez que vous-même ou votre couple avez besoin d’avancer sur une difficulté, d’échanger avec un tiers, de faire le point sur une question particulière, n’hésitez pas !
Ou peut-être, avez-vous dans vos proches, amis, famille, un couple en difficulté ? Vous pouvez relayer cette proposition.